L’installation
Entre le 05 Novembre et le 15 Décembre 2021, ma série RIMBAUD a été installée dans les gares de St-Charles Marseille, Paris Gare de l’Est et Charleville-Mézières ainsi qu’à l’hopital marseillais de la conception et au pied du musée A.R. le long de la Meuse, à Charleville.
Pourquoi tout ça ? Pourquoi lui ? Pourquoi Rimbaud ? D’allers-retours en allers-retours, d’absences prolongées en quasi disparitions, les intimes qui s’inquiétaient m’ont posé cette seule et même question. À chaque fois pris de court, j’ai eu envie de leurs répondre que cela me paraissait terriblement indiscret, comme s’ils me demandaient d’ouvrir la bouche en grand, là, devant eux, au milieu de la pièce.
Cinq plus tard, alors que tout est fini, que plusieurs fois j’ai fait le tour de mes images, maintenant que pour la première fois il faut les montrer, le hasard veut que cela se passe sur le parvis de la gare de l’Est. Ce lieu je l’avais oublié. C’est pourtant qu’entre 1978 et 1984 mes parents y ont tenu un Relay tabac. À l’époque, comme il était trop difficile de me laisser en maternelle, j’ai passé deux ans avec eux, sur la dalle, en compagnie des trains, des bagages et des pigeons, j’étais le gosse de la gare, le « titi » du bout du quai. Je me souviens maintenant de l’odeur des arcs électriques qui saturait l’air, d’attelages fatigués qui s’en allaient le matin et ne revenaient pas le soir, je me souviens d’un rivage de machines, un berceau d’horloges où j’ai fait mes premiers pas.
40 ans plus tard, c’est étrange mais j’y reviens avec des portraits, ceux de gamins de Charleville, des gamins qui ont sans doute eux aussi pensé à des trains, aux trains qui leurs permettraient de fuir l’école. Il a donc fallu des détours par eux, un détour par lui, pour revenir ici, au point d’origine, au pied d’un souvenir qui me ressemble, à ce souvenir s’il les accepte ces images, à Arthur qui s’en fout comme de sa première chemise tout le reste.